Le 4 octobre était une date marquante dans le calendrier comme la journée mondiale des animaux. 24 heures importants chaque année pour porter les messages suivants : sensibiliser les citoyens, d’attirer l’attention des gouvernements et des décideurs politiques. Maltraitance, espèces en voie de disparition, conséquences sur la faune des changements climatiques, droits des animaux. Dans notre société, nombreux sont les acteurs associatifs, les citoyens, les décideurs politiques qui s’engagent et prennent position.
Une forte tendance d’adhésion pour les combats envers les animaux
Dans un sondage Ifop ( 3 février 2022 ) intitulé: les Français et le bien-être des animaux pour la fondation 30 millions d’amis; 57% sont tout à fait favorables et 28% plutôt favorables à l’interdiction de l’élevage intensif. 90% des français interrogés se disent favorables à l’interdiction de toute expérimentation animale lorsqu’il est démontré que des méthodes substitutives peinent être utilisées à la place. 77% sont favorables à l’interdiction de la chasse à courre. 77% sont favorables à l’interdiction des corridas en France. L’institut précise également début 2022 : « le bien-être animal, un thème loin d’être accessoire dans la bataille pour l’Élysée. Interrogés sur l’importance du bien-être animal, une très large majorité de Français (69%) considère qu’il s’agit là d’un enjeu important qui devrait être abordé par les candidats au même titre que l’écologie, la sécurité, l’économie ou le pouvoir d’achat.
Des associations, des actions toute l’année sur tout le territoire national
La France compte un grand nombre d’associations oeuvrant pour la cause animale. Certaines sont axées sur les animaux d’élevage, d’autres sur les animaux de compagnie. Nombreuses agissent contre l’expérimentation, pour les animaux sauvages, sur la chasse, contre la captivité, contre la fourrure. D’autres sont anti-corrida, contre les cirques avec animaux. Il y a également les associations végétariennes et véganes, etc
Toutes, au niveau local comme national revendiquent respect et bienveillance, sauvegarde et protection. Toutes agissent au quotidien et constituent un maillage national fort et puissant. Les collectes de nourriture pour les animaux domestiques se font toute l’année et les campagnes au moment de la période des abandons de l’été se font plus nombreuses. À juste titre. La sensibilisation est importante. Le rappel que la loi interdit l’abandon et la maltraitance aussi. Pour être en contact avec plusieurs présidentes et présidents d’associations, ils sont souvent laissés pour seuls dans problèmes graves. Se sentent abandonnés. Ils n’ont en effet pas le pouvoir d’intervenir chez les gens, ce qui ne permet pas, dans certains cas d’agir urgemment lors de situations qui le demandent. Les refuges surchargés et leurs bénévoles qui ne peuvent plus accueillir des animaux sont désespérés et révoltés de voir des situations s’aggraver sans pouvoir suivre. Les forces vivent qui veulent créer un lieu d’accueil ou déplacer l’existant, afin d’avoir plus de place, de confort et de sécurité se heurtent à des refus et des difficultés administratives qui empêchent les bonnes volontés et les bonnes missions rendues. Les énergies, les motivations, dans des contextes critiques et des grandes difficultés s’éteignent car la montagne est trop grande et les combats sont trop durs. Des forces d’actions qui sont trop découragés par plus fort qu’elles. Comme souvent dans notre société, les forts battent les plus faibles. De la même façon que des humains humilient, maltraitent et abandonnent des animaux.
Montpellier, Paris et d’autres villes s’engagent
J’étais présent il y a une semaine, samedi 1 octobre à Montpellier pour la seconde édition de Coeur Animal. Une journée pour la protection animale avec la présence d’associations mobilisées en faveur de nos amis les animaux. La ville de Montpellier rappelle à cette occasion sa volonté d’œuvrer pour les animaux. Avec une délégation forte confiée à un Adjoint au Maire, la commune prône des engagements et actions concrètes et précises : Hausse des subventions aux associations, signature d’une convention avec la SPA, budget de stérilisation, création d’une formation sur la protection animale à destination de la police municipale et repas végétarien dans les cantines scolaires de la ville. Montpellier édite également un guide, bien construit, à l’usage des propriétaires. Dans ce guide les numéros utiles sont écrits, la législation avec le code pénal, rural, civil et la convention européenne sont rappelées. Le 8 octobre dernier, la ville de Paris a elle aussi organisée une journée dédiée aux animaux en ville. De nombreuses associations étaient présentes tout comme plusieurs activités étaient mises en place: des démonstrations, un studio photo, l’exposition photos « Animaux à Paris », des visites pour découvrir la biodiversité du parc de Bercy ou encore des animations pour les enfants. Une collecte de dons pour l’association Gamelles pleines est également faite. La ville de Paris, en permettant également à ses agents d’aller travailler avec leur animal de compagnie, sous réserve de l’accord de la hiérarchie et des collègues ouvre la voie à des pratiques modernes et des facilités pour les travailleurs.
“De nombreuses études scientifiques ont montré les effets bénéfiques de la présence d’un animal sur la santé”, a soutenu Florence Berthout (Maire du 5ème arrondissement), citant une étude de 2017 selon laquelle cette présence entraîne une “baisse de 23 % des risques de maladie cardiovasculaire”. Un animal domestique sur le lieu de travail peut “faciliter les échanges entre collègues”, a ajouté la maire d’arrondissement, qui dit avoir tenté l’expérience “de manière non encadrée” dans sa mairie, et en dresse un bilan “très encourageant” (FranceBleu.fr).
Paris, par cette décision prise et assumée prend un chemin que d’autres conseils municipaux prennent également. La commune de Suresnes dans les Hauts-de-Seine autorise déjà à ses agents à venir sur leur lieu de travail, accompagnés de leur animal de compagnie. « Grenoble et Nice ont pris des décisions similaires pour les chiens » (FranceBleu.fr)
Le conseil municipal de Montpellier comporte un élu, Adjoint au Maire, en charge spécialement du bien être animal. D’autres villes comme Rouen ou Dijon revendiquent une délégation forte en lien avec ces mêmes ambitions, les confiant directement à une ou un adjoint. Un changement dans les mentalités, une réponse à des besoins quotidiens de citoyens. Une nécessité pour des communes d’agir plus ambitieusement aussi. Pendant longtemps cette mission était confiée à un élu, mais pas nécessairement un adjoint. Aujourd’hui il y a une nécessité, celle de faire porter le bien-être animal plus fortement. La signature de chartes à l’occasion des élections est aussi une manière pour les candidats de s’engager et de reprendre dans leur programme des mesures déjà travaillées, réalistes, ambitieuses et cohérentes. Le développement d’un tissu associatif oeuvrant pour les animaux ainsi que les mouvements et partis comme Le parti Animaliste poussent les candidats en campagne et les élus en responsabilité à agir plus encore pour que l’animal en ville soit mieux respecter et plus protéger. La formation des élus comme des agents apparaît également comme une nécessité et un levier pour faire en sorte que des actions soient mieux déployées et les résultats plus nombreux. Aujourd’hui un bilan en faveur des animaux, présenté en fin de mandat est devenu une attente et une norme pour les élus comme pour les habitants du territoire.
Label, les région s’engagent aussi
Les Régions s’engagent également dans la cause par la mise en place d’un label. Ainsi la région Île-de-France développe son label « ville amies des animaux » avec en 2022, 58 nouvelles villes lauréates. Le combat pour les animaux, au même titre que l’écologie ne doit pas être de droite ou de gauche, mais bien un combat ancré dans toutes les politiques publiques. Ce combat, ces causes demandent un effacement de ce vieux clivage droite/gauche pour laisser place au bon sens, au respect et à la préservation de ce qui fait notre environnement commun. Des actions qui doivent fédérer largement, rassembler le plus possible ! D’ailleurs, il n’y a pas des animaux de droite, des animaux de gauche…
« La Région Île-de-France veut améliorer la place des animaux de compagnie en Île-de-France. Après avoir rendu public un rapport sur ce sujet en février 2020, elle propose, depuis, aux communes franciliennes d’obtenir un label, « Ville amie des animaux », de niveau 1, 2 ou 3 (des empreintes de patte en guise d’étoiles). Cette démarche s’inscrit dans le cadre plus large des conventions internationales sur les droits de l’animal, de la Déclaration universelle des droits de l’animal, proclamée en 1978, ou de celles de l’Organisation mondiale de la santé animale. » (iledefrance.fr)
À l’occasion de la journée mondiale des animaux, la région Sud dévoile elle aussi son label. « Pour l’obtenir, les communes devront candidater en remplissant un questionnaire qui permettra d’évaluer les actions menées en faveur des animaux de compagnie et des équidés sur leur territoire. Le label s’inscrit dans le cadre des travaux de l’Office environnemental régional de propositions et devrait être adopté le 21 octobre 2022 par l’Assemblée Régionale. Une initiative importante dans une région où plus d’un habitant sur deux est propriétaire d’au moins un animal de compagnie, mais où les abandons ne cessent d’augmenter. » ( Actu-Var)
Deux exemples en région qui montrent que toutes les collectivités doivent faire preuve de bon sens et d’actions. Les labels à destination des villes, les délégations dans les conseils municipaux comme toutes les actions en direction des associations vont dans le sens d’un progrès souhaité et souhaitable. Mais seul un changement de règles, de la loi fera évoluer toute la société dans le même sens. Car si des collectivités agissent avec force et ambition, d’autres prennent un retard trop grand et ne le rattraperont sans doute jamais. Un changement global, à l’échelle de notre pays doit passer par une uniformisation de la législation et d’une feuille de route ambitieuse et nationale.
Faire évoluer les règles, faire avancer la loi
La loi a bien entendu évolué, au fil des années. Mais pour beaucoup de citoyens engagés, dont je suis, elle ne va pas assez loin ! « En 2015, la notion d’être vivant doué de sensibilité intègre le code civil. Le concept était déjà inscrit dans le code rural depuis la loi de 1976 mais sa portée symbolique se trouve élargie par son intégration dans le code civil. L’animal reste un “objet de droit”, un objet que l’on peut posséder ou utiliser. Mais sa sensibilité le place au-dessus des objets non vivants. » ( vie-publique.fr ) Entrainer une évolution durable passera par une prise de conscience de tous les acteurs publics, de tous les élus locaux et de tous les parlementaires. L’absence d’un secrétaire d’État au bien-être animal est un manque qui finira par se combler avec le temps. Les associations et forces vives ont le sentiment, souvent de ne pas être soutenus comme respecter dans leurs missions du quotidien. « Des petites mains » agissent sur tout le territoire national et se sentent délaissés à l’approche de périodes difficiles comme le fort moment d’abandon d’été. La concurrence qui se développe parfois entre associations, nationales ou locales doit disparaitre pour laisser placer à un effort et une dynamique commune. Cette dynamique doit s’incarner au plus haut de l’État par la construction de projet de loi, par la mise en place de cadres nouveaux, de solutions, d’accompagnements et d’une administration déterminée à agir pour le bien-être animal. Les prochaines années seront déterminantes pour les causes. Les jeunes générations, sensibles et impliquées demandent déjà à plus d’actions coordonnées pour la sauvegarde de la biodiversité dans le monde et plus d’actions afin de diminuer des problématiques à l’échelle locale. Les images de maltraitance sublimées sur les réseaux sociaux sont devenues inacceptables. Penser local est global est devenue une bonne façon de solutionner les problèmes, les uns après les autres, en gardant à l’esprit ce fil rouge : respect, protection, sauvegarde. Cela doit se faire marche après marche, avancée après avancée.
Tout cela demande solidarité, engagement et courage !
Baptiste Vasseur
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Photo illustration : Craig Adderley, Pexels