Coralie Savinel est cofondatrice de Paké, l’emballage cadeau réutilisable 100% recyclé. Partant du constat que chaque année plus de 20000 tonnes de papier cadeau sont jetées, Paké apporte une solution pour l’emballage cadeau. Comme un objet esthétique et éthique, conciliant environnement, humain et savoir-faire français.
Bonjour Coralie, tu es engagée dans l’entreprise Paké qui fabrique des emballages 100% français en circuit court et qui sont fabriqués en fibres recyclées. Quand et pourquoi t’es-tu lancé dans cette aventure ?
CS: Hello Baptiste ! Nous sommes en réalité 4 amis, adeptes du zéro déchet dans nos vies quotidiennes, qui avons décidé de créer Paké en novembre 2019. Nous sommes partis d’un constat simple : chaque année ce sont 20 000 tonnes de déchets qui sont générés par les emballages cadeaux. Nous nous sommes inspirés de la tradition japonaise du furoshiki pour développer des emballages cadeau réutilisables, 100% Made in France et à partir de fibres recyclées. Je suis à 100% sur Paké depuis bientôt 2 ans, j’occupais un poste de responsable commerciale dans le retail et la grande distribution auparavant. J’avais envie de challenge, et l’aventure entrepreneuriale en est un.
Vous êtes donc quatre fondateurs, de la même génération et avec les mêmes valeurs revendiquées et exprimées. C’était important pour toi de faire un projet en collectif, d’adhérer à une démarche collective ?
CS: Carrément ! Nous sommes avant tout 4 amis, et ultra complémentaires. Chacun apporte son expérience, ses compétences, sa vision. Cela permet d’avoir un environnement de travail hyper riche, où tout le monde a sa place. Nous travaillons également avec des partenaires (ateliers de confection) qui nous permettent d’être dans une démarche collective globale, ce qui est super enrichissant !
Je suis très curieux d’en savoir plus sur les fibres recyclées et sur la méthode de tissage, peux-tu nous en parler ?
CS: Nos Paké sont composés de coton et de polyester recyclés. C’était important pour nous de travailler avec des fibres recyclées, et de ne pas créer de nouvelle matière. Le coton est issu de chutes de confection textile : les chutes sont récupérées, broyées et transformées en fil, que nous utilisons en partie pour tisser nos produits. Le polyester est issu de la revalorisation de déchets plastiques : même principe que pour le coton, du fil est créé à partir de ces déchets. Les fils sont ensuite utilisés pour le tissage. Nous avons choisi ce mélange pour garder un aspect « brillant » et que nos motifs puissent bien ressortir (polyester), tout en gardant une certaine tenue de tissu, une opacité et une bonne maniabilité (coton). Notre tissu est tissé en France, sur des métiers à tisser qui tissent plusieurs kilomètres de tissu chaque année.
Aujourd’hui le zéro déchet est un vrai enjeu. Nous sommes dans une société qui continue de maintenir une sur-consommation qui vient d’une sur-production qui donne une accumulation de déchets. Sens-tu que Paké répond à des vrais enjeux forts qui, si nous ne faisons rien, pourraient vraiment mettre en danger notre planète ?
CS: Bien sûr, nous le voyons grâce à l’ascension que connaît notre marque. Nous sommes aujourd’hui à plus de 70 000 Paké vendus, il y a une vraie demande, parce qu’une prise de conscience globale face à la situation actuelle. Aujourd’hui, si chacun de nous fait des efforts, ne serait-ce que sur la relocalisation de ses achats, ce sont des tonnes d’émissions de CO2 qui sont économisées pour la planète. On peut consommer moins, mais mieux ! Paké s’inscrit tout cela, avec une production française. Avec les 80 000 pièces vendues, nous sommes fiers d’avoir relocalisé des emplois en France, et fait économiser plusieurs tonnes de CO2 vs des tissus d’import.
La France Courageuse laisse la parole à celles et ceux qui osent, qui s’engagent, qui prennent des risques, qui échouent parfois aussi. Quel est le principal enseignement, la leçon de vie qui te marque encore aujourd’hui dans le développement de ce projet ?
CS: Ça peut paraître convenu, mais l’aventure entrepreneuriale s’apparente à des montagnes russes ! Il faut bien s’accrocher, croire en son projet, ne jamais remettre en question ses valeurs, et être bien entouré ! Au final que le projet marche ou non, nous apprenons toujours des personnes que nous rencontrons.
En parlant développement, je suis curieux d’en apprendre plus sur le processus de R&D, recherche et développement. Avez-vous fait des tests avec cible, une étude, des produits prototypes ?
CS: Nous avons beaucoup travaillé sur la composition du tissu, et sommes pour l’instant présents sur le marché avec une gamme très courte. Nous travaillons bien entendu avec des échantillons, des prototypes, que nous faisons évoluer. C’est indispensable avant de lancer une production industrielle comme nous le faisons !
Paké répond à des vraies problématiques, nous en avons parlé, mais est-ce une marque pour tout le monde ? Trans-générationelle ? Ou avez-vous une cible particulière ?
CS: Notre but de départ est de rendre le furoshiki, et plus généralement le zéro déchet accessible à tous. Ce n’est pas une chose simple quand on y adosse des valeurs fortes, et que toute la production se fait en France. Nous sommes forcément plus cher qu’un rouleau de papier cadeau tout droit venu d’ailleurs. Je pense que c’est une marque accessible à tous si on regarde sur le moyen/long terme. Effectivement, un tissu à 8,90€ peut paraître cher, mais quand on explique ce qu’il y a derrière la marque, notamment la confection (chaque Paké est confectionné à la main et en France !), les gens comprennent. Une marque transgénérationnelle oui, même s’il est difficile de le mesurer, nous avons de plus en plus de consommateurs de profils et d’âge différents.
Comment et où trouvez les produits de la marque Paké ? Avez-vous des idées ou envies pour développer la marque ? Innover ? Développer de nouveaux points de vente physique en France ?
CS: Vous pouvez trouver Paké dans un peu plus de 450 boutiques en France, notamment chez Altermundi, Cultura, Furet du Nord ou même Mademoiselle Bio. Nous sommes dans beaucoup de boutiques indépendantes dont vous trouverez la liste ici sur la boutique. Nous avons plein de projets pour la marque, toujours autour de l’univers du zéro déchet, avec de nouveaux produits bien entendu 😊 Et nous continuons d’intégrer de chouettes boutiques partenaires qui nous font confiance en France, mais aussi à l’étranger !
Pour finir sur une note plus personnelle, peux-tu nous dire ce qui t’anime au quotidien et qui te permet d’avancer dans cette voie professionnelle ? La covid, les changements dans la vie nous font prendre parfois d’autres chemins. Beaucoup de personnes, dont des cadres, ont quitté leur travail pour se recentrer sur des désirs profonds. Qu’est-ce qui te permet d’être en accord avec tes valeurs et tes principes au quotidien ?
CS: J’étais en CDI avant d’intégrer Paké sur 100% de mon temps, avec une bonne situation. Au final le covid est venu se mêler à tout ça, et m’a permis de me questionner sur ce que je voulais vraiment. Aujourd’hui grâce à Paké, j’ai la chance de travailler avec mes amis, de rencontrer des personnes qui œuvrent de façon exceptionnelle pour que l’industrie textile se reconstruise en France, mais aussi d’apprendre chaque jour encore et encore. C’est super enrichissant de pouvoir prendre part à tout ça et d’être entièrement responsable de ma situation.
Merci d’avoir pris le temps de répondre, voici la question rituelle des interviews: Quelle est ta vision, ta définition du courage ?
Merci à toi. Ma définition du courage serait celle-ci : c’est savoir prendre des risques, et tout donner pour atteindre son objectif tout en gardant ses valeurs. Même si on y perd des plumes, on ressort toujours plus fort d’une situation !
Merci à Coralie Savinel pour son temps et son partage d’expérience.