Depuis 2012, CssJPG développe une forme d’art participatif destinée à sensibiliser et à questionner le plus grand nombre sur les enjeux environnementaux. Il développe une vision pluraliste de l’art, qui facilite le transfert de compétences et de savoir-faire, pour faire de la créativité un moteur de développement social. cssjpg.com
Merci CssJPG Jenfi de prendre du temps pour échanger sur La fabrique créative et sur ta pratique artistique. Peux-tu nous parler en quelques mots de l’art participatif que tu développes depuis plusieurs années ?
CJJ: Merci baptiste pour ton invitation, je suis ravi de partager un peu de ma passion. Pour faire simple j’imagine des jeux sociaux dont le but est de créer des œuvres d’art ensemble tout en parlant d’environnement.
Tu parles de « re-enchanter la ville », qui est comme un cri du cœur. Penses-tu que l’art doit être accessible à tous ?
CJJ: Oh oui ! Je pense même que chacun y gagne à développer ça propre créativité. Il me semble que c’est une chose essentielle à notre épanouissement. L’art et la nature nous élèvent au sens propre comme au sens figuré.
C’est la raison pour laquelle tu travailles en éphémère ? Comme la nature l’est d’une certaine façon à sa façon ?
CJJ: La vie est éphémère. Je ne travaille pas forcément en éphémère mais cela ne me gêne pas d’accepter le mouvement. Tant qu’il y a du mouvement il y a de la vie. J’aime l’idée que c’est le mouvement qui fait l’histoire. La tournure de ta question est intéressante car j’aime effectivement l’idée que l’œuvre se trouve dans l’action et l’expérience ressentie plutôt que dans le résultat obtenu.
C’est très intéressant comme approche. En parlant de travail éphémère, je faisais référence à tes œuvres urbaines installées à Strasbourg, Adissan, Montpellier. Cette idée de l’art urbain, c’est aussi l’idée du mouvement ?
CJJ: C’est juste oui tout à fait il y a aussi Bruxelles, Barcelone, Cluj Nappoca, Dakar… C’est le mouvement et peut-être aussi une certaine idée de la liberté. J’essaie de m’inspirer des nuages, être en harmonie avec ce qui m’entoure et croiser mon regard avec d’autres personnes.
Comment es-tu devenu artiste ? Je suis curieux de connaître ton parcours de vie. Artiste participatif donne le sentiment de bien te correspondre, quel est ton histoire pour en arriver là où tu es aujourd’hui ?
CJJ: Qu’est-ce qui fait que nous sommes ce que nous sommes ? Mes rencontres, mes envies, mes inspirations… Je crois que pour faire il faut accepter parfois de ne pas trop penser et de se laisser porter par nos ambitions et les opportunités. Accepter de donner et de recevoir. Je fais de l’art depuis aussi longtemps que je m’en souvienne. C’est pour ma façon de me sentir exister.
J’aimerais en savoir plus, as-tu commencé enfant ? C’est pour cela que tu travailles en collectif avec les enfants pour les éveiller aussi à l’art ? Peux-tu nous parler d’une œuvre que tu as réalisée marquante ?
CJJ: À 2 ans je jouais avec des couleurs, à 4 ans je dessinais des arbres et ma maison, à 6 ans je dessinais des laboratoires fantasmagoriques que je faisais évoluer avec ma copine de l’époque, ensuite on allait les construire dans les arbres ou avec du carton (ça donnait aussi un contexte à l’apprentissage scolaire qui m’ennuyait sinon). À 12 ans j’entamais un projet de bd en correspondance avec un copain. À 15 ans je me passionnais de photographie et de retouche sur photoshop avec lesquels j’illustrais mes sentiments ressentis, à 20 ans je réalisais des expériences Web plus ou moins interactives avec un copain développeur (c’est aussi une raison qui m’a conduit à travailler dans la publicité durant plusieurs années). Plus en moins à la même époque je réalisais des reportages poétiques de mes expériences avec la nature, la société, mon entourage, mon intimité au travers de poèmes, et de photographie. C’est à 25 ans que j’ai réellement commencé à présenter mon travail de favo’ plus assumé en démarrant cssJPG. À cette époque j’avais fait pas mal de boulots dans la pub (Web, événementiels et direction artistique) et j’étais en recherche de sens. Je voulais utiliser ma créativité pour défendre des intérêts en correspondance avec mes valeurs profondes et pas seulement économiques.
Un proverbe africain dit qu’il faut tout un village pour élever un enfant. J’ai sur ma route croiser de nombreuses personnes qui m’ont élevé et m’élèvent encore. J’ai des amis de tout âge avec qui je partage et c’est en ce sens que je veux contribuer. Les enfants de façons générales sont réceptifs et ouverts à découvrir de nouvelles choses, particulièrement quand on propose de partager une expérience. Quand j’arrive dans un nouveau pays où un nouveau lieu je rencontre le plus souvent les enfants qui font ensuite le lien avec le reste de la communauté. Quand les enfants comprennent et se réapproprient une idée, la communauté suie le mouvement. Je pense que nous avons une responsabilité collective sur l’éducation de nos enfants et j’essaie simplement d’incarner mon rôle.
En fait les enfants me donnent de l’espoir là où l’adulte a plutôt tendance à l’étouffer. Heureusement il y a des enfants de tout âge de la vie. L’enfant fait, explore, essaie, se relève, recommence, change de cap. Il s’émerveille, se passionne. Il y a de l’enfant et de l’adulte en chacun. Pour exemples, à Adissan (34) ou je suis invité à réaliser une fresque TextureCloud avec les enfants du centre de loisirs ; d’abord une sortie photo puis un collage participatif. Avant de leur confier un appareil je les questionne un peu. Là je demande « c’est quoi pour vous la nature sauvage ? » et une petite fille me répond « Monsieur ce n’est pas la nature qui est sauvage : c’est la ville qui est sauvage ».
Pour rester dans ce sujet, quel est ton avis sur l’urbanisation extrême ? Sur la place de la nature dans la ville ?
CJJ: Nous devrions sans doute plus nous inspirer des arbres. C’est assez extraordinaire un arbre, il fait lien entre ciel et terre, contribue à son environnement, il nourrit plus qu’il ne prend. Un arbre n’est pas un individu mais une colonie. Il y a d’ailleurs de nombreuses études qui parlent de l’aspect coloniaire de l’arbre. Un sujet passionnant ! Il y a de plus en plus de monde sur terre et d’une certaine façon on ne peut pas lutter contre l’urbanisation. On peut par contre envisager l’histoire autrement qu’avec du bitume et du béton. Pe ser la ville comme un poumon de la vie me semble être une bonne idée.
Le Land Art, par exemple est une pratique qui joue sur l’éphémère et sur la nature sans la casser et la détruire mais bien en valorisant ses aspects, c’est quelque chose qui te parle ?
CJJ: Oui ça me parle bien sur. Cela donne à regarder la nature sous un autre angle. Prélever de la matière et l’organiser d’une façon à transformer l’environnement pour un instant. Cela m’évoque la poésie des dessins sur le sable qui s’effacent au passage de l’océan.
Tu as déjà une belle expérience globale, et les lieux dans lesquels tu es intervenu sont multiples. Quels sont tes prochains et futurs projets ? Dans quels lieux vas-tu intervenir bientôt ?
CJJ: En ce moment je réalise une fresque peinte de 200m2 avec les enfants de l’école primaire de Gallargues-le-Montueux, je réalise des uniQUBE et une fresque texturecloud avec l’école maternelle d’Aigues-Mortes et j’entame en février prochain une résidence au lycée agricole de Rivesaltes. Conjointement je réalise aussi des animations en entreprise (team-building et artketing). Avec mon équipe nous nourrissons une approche de bureau d’études pluridisciplinaires mêlant art et environnement. L’idée c’est de travailler sur des projets transversaux. On par d’une envie, d’un enjeu, d’un besoin et on construit l’histoire à partir de la. En ce moment j’ai l’ambition de travailler sur un projet avec mon équipe qui mêle toutes les pratiques autour d’un sujet commun. Une sorte de spectacle complet auquel le spectateur participe à l’œuvre spectacle.
C’est la question rituelle pour terminer notre échange, merci encore d’avoir pris le temps de parler de ta pratique artistique, de ton goût pour le collectif et pour l’environnement. Merci de tes messages inspirants. Quelles sont ta vision et ta définition du courage ?
CJJ: Accepter de faire ce que l’on doit faire malgré toutes les raisons de ne pas le faire.
Interview réalisée par Baptiste Vasseur