Shaina Lebeau est communicatrice animale et propose des séances à domicile pour vos animaux ainsi que des stages de 2 jours pour vous apprendre à communiquer avec eux. Son engagement, rapprocher les humains des animaux et faire en sorte que les deux se comprennent davantage. Shaina Lebeau
Bienvenue pour cette interview en 10 questions, tu es engagée dans la communication animale 🐾 et auteure d’un livre, « Les Animaux, ces Messagers aux Grands Cœurs » aux éditions le Souffle d’or. Nous aurons l’occasion d’en parler dans cet échange. Comment et quand est venue pour toi cette sensibilité pour les animaux ?
SL: Merci pour l’accueil et de me lire 😀 Très très très sensible aux animaux depuis l’enfance (vivant une partie de mon enfance entourée de nombreux animaux de ferme), j’ai compris un jour que les humains n’entendaient pas les animaux de la même façon que moi … je me suis aussi rendu compte que les mêmes humains les aimaient. J’ai manifesté mon désaccord lorsqu’ils ont voulu fêter mon arrivée en tuant l’un de nos coqs qui s’avéraient être mon préféré (considéré par les autres comme agressif …) Ce jour là, ils m’ont dit : « tais-toi, ça suffit de nous dire que tu entends les animaux ». J’avais 8 ans, je l’ai pris au 1er degré et je n’ai plus parlé jusqu’à l’adolescence. Je les remercie aujourd’hui.
Dans mon enfance aussi j’ai été en contact avec des animaux, par leur présence dans la maison, des animaux compagnons dans notre vie et les animaux chez d’autres personnes chez qui nous allions. Je pense que cela forge en chacun le respect du vivant lorsque le contact est fait tôt dans la vie. Tu dis que la communication n’est pas un don, cela veut dire que cela doit se pratiquer ? Qu’il faut des rencontres avec les animaux pour développer cette communication ?
SL: Merci pour ton partage. La communication avec les animaux se passe par la télépathie (transmission de pensées via nos sens). Tous les humains communiquent dès leur naissance avec leurs parents par télépathie. C’est pour cette raison qu’il ne s’agit pas d’un don mais d’une capacité qui a été « éteinte » au fil du temps … Pourquoi ? Au profit de que les enfants humains pensent que l’on attend d’eux : réfléchir, analyser, compter … Peu à peu, de façon très schématique, c’est la partie gauche du cerveau (le rationnel) qui prend une place plus importante que le cerveau droit (créativité, ressenti, perceptions sensorielles). Pour développer à nouveau la télépathie (c’est ce que je propose lors de mon stage d’initiation à la communication animale), il y a une 1ère étape : identifier comment on reçoit les informations par télépathie. Chaque humain peut fonctionner différemment. Il est donc nécessaire de faire des exercices progressifs pour mettre en place cette grille de lecture. Très rapidement, à force de pratiquer, cette grille disparait.
Ton témoignage est inspirant car il ouvre la voie (et les voix) pour celles et ceux justement qui souhaitent s’initier. Le fait que toi, tu te sois débarrassée de certaines peurs: peur du jugement, peur de ne pas être cru, cela te permet sans doute d’être engagée pleinement pour cette communication avec les animaux. Peux-tu m’en dire plus sur ce sujet ?
SL: Merci. Les animaux sont des enseignants passionnants sans jugement et plein d’Amour. Pour développer la télépathie avec les animaux, il y a des techniques que j’enseigne pour 2 raisons : traduire fidèlement, sans interpréter leurs messages et les écouter en profondeur. Il est très facile de rester superficiel en transmettant une illusion de messages. Ensuite, pour les animaux domestiques, je dois transmettre aux humains qui vivent avec eux tous les messages. Ils sont toujours profonds, très personnels et même intrusifs. C’est à ce moment là qu’il nécessaire de ne pas se laisser embarquer par des conflits intérieurs non résolus ou des émotions.
Tu parles d’animaux domestiques, de conflits et d’émotions. Tu revendiques aussi que ton quotidien est d’aider les animaux et leurs humains à se comprendre. Comment expliques-tu, ou quel est ton avis sur la montée du respect animal et la maltraitance croissante, les actes de maltraitance publiés sur les réseaux sociaux, assimilés à du sadisme ? D’un côté nous avons une amélioration et une sensibilité qui s’accroît et de l’autre une accentuation de la souffrance revendiquée.
SL: Oui les animaux domestiques captent nos pensées, nos émotions … toute la journée et peuvent développer des « comportements inadaptés » pour nous faire comprendre des choses. Au bout d’une séance, le comportement disparaît si le ou les humains du foyer entendent les messages et mettent en place ce que leur animal leur propose. Nous sommes dans une société où les animaux sont traités très différemment : les animaux domestiques sont choyés, les animaux d’élevage torturés et les animaux sauvages envahis et pourtant je n’ai jamais entendus un animal se plaindre. Ils ont une vision très différente de nous car le mental ne fait pas partie de leur fonctionnement. De mon coté, je souhaite que l’humanité offre aux animaux leur vraie place dans le monde. C’est pour cette raison que mon école s’appelle : « La Goutte d’eau du colibri ». Plus nous serons nombreux à les écouter, à échanger … L’histoire du colibri : Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! » Et le colibri lui répondit : « Je le sais, mais je fais ma part. »
L’histoire du colibri est une très belle histoire, inspirante et témoigne de ta philosophie. Comment expliques-tu que des personnes qui n’ont pas d’animaux viennent pourtant aux stages ?
SL: Effectivement j’ai de nombreux humains qui viennent à mes stages alors qu’ils n’ont pas d’animaux. Voilà leur réponse : « j’ai entendu parler du sérieux de ta formation, de ta structure, de ton éthique et du coté bluffant qu’en seulement 2 jours on puisse communiquer autrement avec les animaux alors je viens ! »
C’est la preuve que tu arrives à atteindre les autres, à inspirer et à remplir la mission qu’est la tienne. Les personnes qui interviennent dans le cycle d’interview de la France Courageuse ont, pour beaucoup en commun l’envie et le besoin d’être utile. Cela prend des fois, toute une vie, pour trouver sa place. Écrire un livre était important pour toi ? une façon de transmettre, d’enseigner ton savoir ?
SL: Pour moi, écrire ce livre a été un cheminement de 4 ans … Je suis effectivement animé par cette envie irrésistible d’offrir aux animaux leur vraie place, au-delà de ce que l’on voit avec nos yeux. Les écouter, car ils essaient toujours de nous dire quelque chose. Ne plus penser à la place de l’animal et prendre des décisions ensemble … De dépasser les très nombreuses croyances sur le monde animal. J’ai écrit « les animaux, ces messagers aux grands cœurs » parce que j’aime profondément les animaux et les humains et que je souhaite les rapprocher.
C’est comme un cri du coeur, un cri d’amour envers les animaux, et c’est important. C’est moi avis personnel mais je sais que beaucoup de français partagent cela. En parcourant ton site internet j’ai lu beaucoup de témoignage de personnes qui ont perdu un animal et qui témoignent de la tristesse. Nous devons aussi rapprocher, comme tu le dis si bien, les animaux des humains. Ce qui est fait notamment par des collectivités pour que les animaux puissent venir dans les lieux de travail, c’est complémentaire avec ce que tu fais ?
SL: Oui c’est un cri du coeur, c’est exactement ça et les animaux nous apprennent à vibrer avec eux, remplis d’amour sans condition, juste aimer … sans jugement. Ils ont leur place partout y compris sur les lieux de travail, dans les hôpitaux, dans les écoles et dans nos maisons … Leur présence soulage, accompagne, aide, apporte de l’Amour. Nous sommes faits pour vivre ensemble, tout le temps. Lorsque notre animal est en fin de vie, on peut écouter ses besoins, ses messages pour prendre la bonne décision et le soulager de ses douleurs. Il est normal d’être triste et de se comporter comme un humain. Les animaux nous aiment pour ça aussi. Ci-dessous un article que j’ai écrit, il y a quelques années :
Les animaux de compagnie partagent notre vie pendant de longues années et il arrive un moment où la fin de la vie terrestre arrive … Je vous écris en pensant ANIMAL et non HUMAIN : La fin de la vie pour les animaux n’est pas dramatique (je ne parle pas des accidents), c’est ainsi … Par contre, ils ressentent fortement notre tristesse, notre attachement à eux ce qui est à la fois merveilleux, et compliqué pour eux car ils sont prêts à supporter beaucoup et longtemps pour qu’on ne soit pas affecté … Je peux accompagner vos animaux dans leur fin de vie en leur transmettant vos messages et en soulageant leurs douleurs avec l’apposition des mains (magnétisme). Il faut parfois se résoudre à abréger les souffrances de ce fidèle compagnon. Mais comment savoir que le moment est venu ? Je peux vous conseiller en âme et conscience en lui demandant à lui ce qu’il souhaite et si c’est le bon moment. Lorsqu’un animal souffre ou va souffrir, et qu’aucun soin médical ou chirurgical ne peut soulager sa douleur alors, sans penser à votre propre peine, il sera raisonnable de mettre une fin digne à sa vie. Prolonger la souffrance de l’animal afin de prévenir la vôtre n’aide finalement aucun des deux. C’est un acte d’Amour que vous lui offrez qui n’est pas douloureux pour l’animal.
Merci de nous partager ce texte. La perte d’un compagnon à quatre pattes est souvent douloureuse, une cicatrice qui met du temps à se soigner. C’est important que tu puisses en parler ici car cela touchera beaucoup de personnes. Est-ce que tu aurais, pour celles et ceux qui auront le plaisir de lire cette interview, de nous livrer une histoire, une anecdote spontanément d’une situation que tu as vécue, pendant un stage ou en dehors ?
SL: Oui bien sur. Une communication récente lors du stage du week-end dernier : un chaton de 3 mois qui me parle de Bambi et me dit : « je veux maman ». Et qui continue : « J’ai besoin de cet amour maternel, de sa profondeur, de sa souplesse pour l’offrir à C……………… Elle en a beaucoup manqué et elle en a besoin pour être moins dur avec elle-même et être plus douce avec elle-même. C…………………… l’humaine m’explique qu’elle a connu sa maman lorsqu’elle était adulte et que ça été très dur pour elle. Et le chaton continue : « Tu es une super Maman, n’en doutes pas. Ton fils a besoin d’air, tu le surprotèges trop. Il a besoin, comme moi de liberté. ………………………. J’en ai 4 pages tout aussi émouvantes … Les animaux ne sont jamais là par hasard et leur histoire (même inconnue comme celle de ce chaton qui n’a pas été sevré correctement en miroir avec l’histoire de l’humaine où il est arrivé).
On peut aussi se demander si ce ne sont pas les animaux qui choisissent les humains, mais cela fait plaisir aux hommes et femmes de penser l’inverse … rire … Est-ce que tu es amené dans ta pratique, dans ton engagement à intervenir dans les écoles, à travailler avec des associations ?
SL: Oui ce sont les animaux qui choisissent les humains. J’ai des exemples à la pelle d’humains qui vont faire des km pour aller chercher le Yorkshire de leur rêve repéré sur internet et qui reviennent avec un doberman. La rencontre est irrésistible. J’ai d’ailleurs écrit sur le sujet un article :
« Je suis de l’autre côté de la rue, j’observe tout ce qui se passe dont un humain en particulier … je suis défini vers lui … je sais que je dois être avec lui … que je dois passer ma vie avec lui … Je le sens tellement seul, perdu dans ses pensées. J’ai 6 mois aujourd’hui… Un camion s’approche et m’emmène avec douceur vers un endroit que je ne connais pas… un lieu où il y a plein d’animaux. Je m’installe dans cet espace où je suis à l’abri, je mange à ma faim et j’attends … De temps en temps je me promène et j’attends … Je le sens, c’est aujourd’hui … Je sens qu’il approche et le voilà devant moi : l’homme de la rue me regarde, détourne le regard, va voir d’autres chiens. Oh la la! Un long moment après (en réalité 5 minutes), il revient et je lui montre à quel point nous devons être ensemble et je le sais : peu à peu il ressent comme une évidence. Il s’adresse à une des bénévoles et lui dit : « je suis irrésistiblement fourni par ce chien, je le choisis ! » Et moi j’éclate de rire : il croit qu’il me choisit mais c’est moi qui vais m’occuper de lui, le choyer, le soulager, l’aimer sans aucune condition. Cet humain a besoin de moi, et moi de lui. Je m’approche de lui, je le touche avec ma truffe, je le sens, je l’aime et je le lui montre. Et je lui lèche la larme qui coule sur sa joue … qui fait rapidement place à un large sourire. Au milieu de tous, nous ne sommes que tous les deux : aujourd’hui j’ai adopté un humain. »
Merci de ce moment d’échange, il y a tellement d’autres sujets que nous n’avons pas abordés, passionnants et qui méritent que l’on en parle. Je m’intéresse beaucoup à l’animisme et il y a des choses à dire sur des cultures et pratiques en Afrique qui respectent beaucoup les animaux. C’est la question rituelle pour finir ce moment, qu’est-ce que le courage pour toi ?
SL: Oui il y a tellement de points à approfondir. Ce sera pour une prochaine fois avec plaisir. Les animaux nous remercient.
Pour moi le courage est essentiel je souhaite accomplir quoi que ce soit dans ma vie. Il me donne de la force pour avancer, pour me dépasser, pour réaliser mes rêves avec douceur, empathie, bienveillance et tolérance tels que les animaux me le soufflent chaque jour. Merci du fond du coeur pour cet échange.
Shaina est auteure du livre : « Les Animaux, ces Messagers aux Grands Cœurs. Le secret : les écouter au-delà des mots » Pour le découvrir ici : aux éditions le Souffle d’or
Conversation entre Shaina Lebeau et Baptiste Vasseur, novembre 2022
Photo illustration : Kat Smith- pexels