Aujourd’hui, mercredi 2 novembre 2022 a lieu un hommage au peintre Pierre Soulages, qui a donné pour toujours au noir ses belles lettres de noblesse. Un hommage national présidé par le Président de la République dans la cour carrée du Louvre. Un moment à la hauteur de la grandeur de l’artiste. L’outrenoir était sa création, nommé ainsi dès 1990. Un puissant émetteur de clarté et de lumière secrète. Les reflets de cette couleur marquent nos regards. L’outrenoir nous amène à être captivé particulièrement par de grandes toiles pleines. Plusieurs villes ont été importantes dans sa vie. Parmi elles, Rodez, Montpellier et Sète.
De son atelier à Sète depuis les années 1960, Pierre Soulages a marqué toute une période de l’art. Le musée Soulages de Rodez, où il était né en décembre 1919 rassemblent ses brous de noix et peintures du papier. L’abstraction est là, sa conception personnelle également.
Montpellier, près de Sète, où il avait fait ses « armes » à l’école des beaux-arts, en pleine Seconde Guerre Mondiale, offre à voir au Musee Fabre plusieurs oeuvres de l’artiste. Huile sur toile et acrylique sur toile. Des recherches qui invitent à nous interroger nous aussi, comme Pierre Soulages avant, sur la matière et la forme, sur la transfiguration de la couleur comme du clair-obscur. En nous déplaçant, la matière prend la lumière différemment, l’oeuvre évolue, comme pour nous livrer un noir vivant. La toile s’anime aux yeux de certains car les surfaces prennent pleinement la lumière. Au musée Fabre, les formats vertical et horizontal se mêlent. Le bleu, rapproché du noir avec des larges bandes obliques ascendantes nous plongent aussi dans la matière. Poétique.
Et d’autres lieux qui continueront les hommages à Pierre Soulages. Aujourd’hui la cour carré du Louvre pour évoquer son parcours, depuis tout petit jusqu’à son départ, le 26 octobre dernier. Des hommages unanimes. Nous tous, nous reconnaissons le parcours et la longévité de l’homme. Il s’en est allé à 102 ans, laissant derrière lui une oeuvre globale et multiple, une oeuvre riche et puissante qui marquera à jamais notre histoire collective comme l’histoire de l’art.
Les vieilles pierres et les matériaux patinés étaient ses inspirations. Le noir et la lumière, un fort acte de sa pièce de théâtre clôturée il y a quelques jours. Même si nous pouvons penser que ces deux « aspects » son contradictoires, ils sont au contraire le parfait accord, le couple idéal, se mêlant et vivant ensemble sur les mêmes espaces. Les grands formats sont des fenêtres sur l’imaginaire, sont un appel à se poser, à s’assoir, à prendre une respiration. Un appel à la méditation et au temps qui se fige. Aujourd’hui, mercredi 2 novembre, nous prenons aussi le temps, pour rendre hommage à l’artiste qui nous quitte.
Pensées à sa famille et à ses proches.
« L’œuvre vit du regard qu’on lui porte. Elle ne se limite ni à ce qu’elle est ni à celui qui l’a produite, elle est faite aussi de celui qui la regarde. Ma peinture est un espace de questionnement et de méditation où les sens qu’on lui prête peuvent venir se faire et se défaire. » Pierre Soulages, juin 2015.
Baptiste Vasseur
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Photo illustration : Afp