Il y a des histoires qui marquent, des situations qui interpellent, des faits divers qui scandalisent, des récits qui choquent et des actes qui font espérer en l’humanité. Dans cet article, il s’agit de tout cela à la fois. Il est étonnant de s’apercevoir qu’une histoire peut mettre en colère en son début, donner le sourire par la suite et enfin vous allumer la flamme de l’espérance .
Cette histoire, c’est l’histoire de Mambo. Chien survivant et martyr qui est devenu le symbole de la maltraitance animale. Mambo est mort 13 ans après avoir été brûlé par des jeunes. Un animal, un compagnon et une histoire qui avaient ému la France. Les réactions ont été multiples : incompréhension, surprise, colère, rage et ce sentiment qui est le plus dur: l’injustice. Entre le 9 et le 10 août de l’année 2009 il se déplaçait dans les rues d’Espira de L’Agly, au nord de Perpignan (66). Le journal Le Parisien reprend les faits dans son article hommage : «le jeune mineur l’a aspergé à deux reprises puis il a joué du briquet. Le chien est devenu une torche vivante et hurlante lancée à grande vitesse dans les rues. Il a été récupéré un peu plus loin, brûlé au troisième degré sur 60 % de son pelage.»
Comment croire en l’humanité face à une telle barbarie ? Nous devons vivre, nous tous, en communauté dans un pays fait de démocratie dont la valeur première partagée est le respect. La première forme de respect est celle du respect entre humains et envers les animaux. Maltraiter, torturer est, de toute façon, je le dis pour ceux qui cherchent des excuses, interdit. La justice, en réponse, a tranché: les jeunes ont été condamné à plusieurs mois de prison ferme. Je me demander si les peines sont suffisantes, si les lois sont assez sévères, si ces peines ont vraiment servi, si la sensibilisation a été faite. Sensibilisation, éducation et responsabilité. Ce qu’ils ont fait, ce n’est pas un jeu !
Le journal l’Indépendant reprend dans son dernier article hommage : « Il (Mambo) est rapidement devenu une mascotte, mais surtout le symbole de la maltraitance animale. Son histoire a fait le tour de la France, jusqu’en Belgique d’où sa propriétaire recevait des messages pour avoir des nouvelles.» Cette histoire a également permis de libérer des paroles, de faire porter d’autres signalements, de déclencher des plaintes, etc. Nous pouvons nous en réjouir comme nous pouvons nous inquiéter de ce qui nous fait ou non plus nous mobiliser ! C’est un autre enseignement de cette histoire: nous avons besoin collectivement d’évènements, de drames, d’images comme cette histoire pour mieux nous fédérer. Notre société fonctionne sur l’émotionnel et en réaction directe des images. Nous avons souvent le besoin pour réagir d’être mis sous tension, nos émotions alors électrisées et notre sensibilité nous réveillent et nous font voir qu’une telle cruauté est possible. Nous intervenons et nous crions un NON, comme pour affirmer qu’une ligne a été franchie, une limite a été dépassée. Comme ce fut le cas avec Mambo nous nous sommes indignés. Dire non c’est ne pas accepter ce que la société ne peut tolérer. Nous sommes en réaction aux images que nous voyons, elles sont diffusées et deviennent des totems partagés de réseaux sociaux en réseaux sociaux. Ce partage d’images provoque en réponse la diffusion d’indignation. Des combats émergent, menés auprès de ceux qui décident et qui doivent faire bouger les lignes.
Des histoires, des images, des récits qui sont relayés de plus en plus. Il faut également le souligner, les réponses sont de plus en plus grandes car la justice est de plus en plus rapidement en action. Peut-être car ce soulèvement populaire et citoyen arrive à faire émerger des injustices à la vue de tous sur la place publique. Auparavant, le silence et l’obscurité régnaient. Aujourd’hui c’est la mise en lumière et la révélation de l’inacceptable qui prime. Aujourd’hui celles et ceux qui sont engagés pour le bien-être animal, ils sont nombreux, agissent fortement au quotidien et sont soutenus dans leurs missions. Utiliser les réseaux sociaux, se constituer partie civile, intervenir dans les médias de masse pour interpeller les décideurs politiques.
Rappelons également les actes du rappeur Timal, âgé de 25 ans et condamné pour avoir donné des coups de pied à son chien. Au-delà de l’acte, qui scandalise, c’est le fait de filmer cette horreur et de promouvoir sa barbarie qui choquent doublement. Sans les images nous ne serions au courant des faits, c’est certain, mais la vidéo ajoute du sadisme à la méchanceté. France infos pose un parallèle: «Cette affaire fait écho à celle de Kurt Zouma, défenseur international français condamné en juin par la justice britannique à 180 heures de travaux d’intérêt général pour avoir maltraité son chat, après la diffusion d’une vidéo devenue virale.» Dans ces deux cas une pluie d’indignations s’abat, à juste titre, sur les agresseurs. La condamnation par la justice britannique doit nous interroger sur de nouvelles sanctions qui doivent être prises chez nous en France. Je suis un défenseur des TIG depuis longtemps et je crois qu’il est juste les condamnés puissent donner à la société de leur temps et de leur énergie afin de réparer ce qui a été commis. Sinon comment penser que la justice est totalement juste ?
Les mauvaises histoires comme celles-ci sont trop nombreuses. Et si nous pouvons nous indigner des excès de certains, nous pouvons en même temps nous réjouir tout autant des actes de celles et ceux qui recueillent, protègent, soignent, défendent. Nous pouvons naturellement nous réjouir que deux personnes avec un coeur plein de sensibilité et de solidarité, Dany et René, restaurateur à Espira (Pyrénées-Orientales), bénévoles à la SPA aient récupéré Mambo afin de lui offrir plusieurs années de vie. 13 années dans une famille attentionnée. Dans le respect, la paix, la tranquillité qu’il méritait.
Baptiste Vasseur
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Photo illustration: David Lincoln