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Été 2022, la France subit la sécheresse. À gauche c’est la même chose. Le sol de la NUPES devient sec, se craquelle, se fracture, les divisions apparaissent et cette terre perd sa richesse et sa substance rêvée. Ce qui a fait pendant un temps une vitalité perd au fil du temps ses effets. Les vents mauvais chassent ce qui aurait pu faire du bien à la gauche et à la politique, quelque chose de nouveau. Mais comme souvent, rien de bien nouveau …

La NUPES semblait pour beaucoup, à gauche, être une force d’avenir. Elle devient de plus en plus, au fil des jours qui passent un terrain qui s’assèche et qui se craquelle de toutes parts. Elle était présentée comme un espoir de rassemblement durable et solide auquel je n’ai pourtant jamais vraiment cru. Cette alliance de circonstance, lancée lors des élections législatives de 2022 fonctionnera, de mon point de vue, uniquement en local et lors du temps électoral. Car si des comités se sont constitués au niveau local et que des alliances peuvent bien évidement se faire sur des prochaines élections, telles départementales ou municipales, le challenge est bien plus grand au niveau national. Au local, les alliances se constituent depuis longtemps, la NUPES rajoute une marque et un marqueur fort afin de mettre en scène ce qui se fait déjà. Plusieurs mouvements, partis de gauche sont déjà en capacité de se rassembler afin de remporter une mairie, un département voire une région. Ces alliances se font naturellement, par rapprochement de sensibilité et de valeurs mais également pas nécessité de gagner. Pour passer le premier tour, il faut être unis et solides. Au niveau national c’est une tout autre affaire. Depuis les élections législatives passées, les divisions se font de plus en plus grandes, les petites phrases agitent les débats et les attaques internes se font de plus en plus grandes. JL Mélenchon fait porter totalement la responsabilité, publiquement aux PC et à F. Roussel de son échec à la Présidentielle. JLM a bien perdu, mais c’est uniquement de son fait et par ses sorties de routes qui ont fait qu’il ne pourra jamais arriver premier de la course à l’Élysée. Ces divisions, jetées sur la place publique et reprises partout donnent le sentiment d’un organisme certes vivant, flottant, fragile et dépourvu de bienveillance, sans vrai ciment fort et durable. 

Les élections sont le moment, pour beaucoup de responsables et structures politiques de mettre la poussière sous le tapis et ainsi faire preuve de pragmatisme et de négociation afin de laisser la place à tous. C’est bien différent en d’autres temps, les français le savent. Dans une dernière étude IFOP* publié à l’occasion de la Fête de l’humanité ( Septembre 2022), la désunion inévitable est pointée du doigt. 73% des français considèrent que la NUPES est une coalition électorale amenée dans le futur à se désunir et même à disparaitre. Pour les personnes de gauche, c’est 10 points de mois, soit 63%. Dans les deux résultats le constat est sans clair. La majorité n’y croit pas. Une autre problématique vient du leadership et de l’incarnation de cette union. Dans cette même étude, JL Mélenchon est perçu ( pour les personnes de gauche comme pour l’ensemble des français ) comme la personnalité qui incarne le mieux la NUPES. Sauf que ses sorties et ses déclarations font plus de mal au mouvement. La figure première abîme de plus en plus le collectif. JL Mélenchon n’a plus de mandat et désormais, sa seule légitimité pour exister est d’occuper l’espace médiatique et politique en tant que premier ambassadeur de la NUPES. JLM est devenu le parfait pyromane de cette union, car s’il est bien perçu par 63% des personnes de gauche comme la personnalité incarnant le mieux la NUPES, il peut dès demain devenir celui qui la fera échouer. 

Ce rassemblement des forces de gauche auraient pu, dès le départ, se faire par la construction d’une vraie plateforme commune. Cette plateforme  aurait mis les sujets essentiels en avant, les points de divisions de côté et les combats essentiels à mener en priorité. C’est une autre preuve que la NUPES a été piloté par les insoumis qui ont cherché, pendant tout le temps de la construction de ce collectif à assiéger et capturer ses partenaires pour qu’il tombe dans leur logique. Dans le document Ifop, quatre priorités sont désignées: meilleure distribution des richesses, revalorisation des salaires, protection de l’environnement et égalité des droits entre toutes les catégories de la populaire. La NUPES est passée, collectivement, à côté de ces combats, pour devenir le théâtre de divisions et parfois de points de vue trop incompatibles pour faire chemin commun. Cela laisse un vide au centre-gauche, un espace qui sera rapidement occupé par d’autres. La nature a horreur du vide. Pendant que dans la Nouvelle Union les divisions, les attaques, les trahisons, les petites phrases sont de plus en plus palpables, ailleurs le champ est libre pour incarner quelque chose de différent. Certainement moins ambitieux sur le papier, en revanche plus efficace, plus crédible et plus durable ! 

Baptiste Vasseur

 

Photo : Brad Helmink

* Étude Ifop