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Pendant mon dernier séjour à Paris, il y a quelques jours, j’ai fait une halte artistique au musée d’Orsay pour découvrir l’exposition temporaire de l’artiste Rosa Bonheur. C’est à l’occasion du bicentenaire de sa naissance que le musée Parisien orchestre une rétrospective qui fait évènement. Je suis d’abord interpellé par la qualité de la scénographie, par la qualité de la mise en scène. Je suis ensuite surpris, positivement par le parcours de l’artiste que je découvre vraiment. Plus les textes explicatifs et les citations inspirantes. Rosa Bonheur est une artiste du 19ème siècle, ses combats et sa sensibilité sont actuels. Elle fut en avance. Elle arrive, à travers ses travaux laissés, aujourd’hui encore, nous montrer une sensibilité nécessaire. Son talent est égal à sa démarche.

Engagée pour la cause écologique, pour les animaux, pour la liberté des femmes. Elle fut un symbole fort pour l’émancipation des lesbiennes, comme le rappellent les textes imprimés aux panneaux de présentation, sur les murs. Les toiles la représentant attirent le regard des visiteurs. Les grandes toiles comme les travaux de recherche, comme les études se succèdent pour l’admiration de tous. Les visiteurs sont nombreux, les attentions portées sur l’ensemble des travaux sont immenses. Les visiteurs prennent des photos, d’autres, avec leur carnet croquent les regards des animaux domestiques, les poses d’animaux sauvages et les attitudes de la faune sauvage, peints par l’artiste.

Je ne vais pas reprendre ici ce que dit le catalogue/livre de l’exposition comme la scénographie des salles. Je préfère parler de la démarche. Car le rassemblement des travaux, des tableaux, des toiles, des dessins accumulés dans cette exposition est un véritable tour de force. Les cartels (avec diverses informations sur les oeuvres) nous montrent la diversité d’origine des oeuvres. Des révélateurs de ce qu’était Rosa Bonheur: une artiste engagée, ancrée dans le temps naturel. Son travail (on peut parler aussi de don travaillé) d’observation, sa volonté d’aller dans les endroits naturels, comme les Pyrénées témoignent qu’elle a été une artiste hors les murs. Les croquis, les dessins préparatoires, les études témoignent de sa volonté de comprendre le vivant, pour mieux l’appréhender et nous le transmettre.

Engagé pour le vivant, engagé auprès des animaux depuis de nombreuses années, depuis tout jeune, je ne peux que me retrouver dans la démarche. Ses grandes toiles l’ont rendu célèbre en son temps. Sa sensibilité est universelle est intemporelle. L’association humain/animal comme l’association animal/travail sont toutes deux retranscrites. Les animaux sont dépeints avec du caractère, avec de la force et une âme qui se ressent par le regard travaillé. C’est une citation de Rosa Bonheur inscrite au mur, en lettre blanche qui montre son attachement au vivant à ce que la vie animale est pour elle :

“C’était l’expression de leur regard: l’oeil n’est-il pas le miroir de l’âme pour toutes les créatures vivantes ?”

C’est une démarche actuelle, à laquelle j’adhère complément. Défendre la sentience comme valeur universelle et respectueuse du vivant, des vivants. Rosa Bonheur nous laisse donc à voir pendant de nombreuses années encore son goût pour l’étude du mouvement, des éléments anatomiques et des parties animales. L’humain est au final présenté peu dans les oeuvres de l’exposition. Là où, à cette époque et même encore plus tard les animaux sont des “accessoires”, en second plan, aux côtés des humains; les animaux sont ici sacralisés et sublimés, mis en couleurs dans leur vraie vie. Des animaux qui, par leur regard, nous disent des ressentis, des émotions, des sensibilités, des expériences, des liens et des instincts. Il n’y a pas plus authentique comme peinture. Il n’y a pas plus proche du cosmos et de ce qu’est le naturel que le travail de Rosa Bonheur. Un vrai bonheur pour nos yeux et pour notre esprit !

Baptiste Vasseur