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J’ai commencé mon tour des régions en 2020. J’ai tenu en premier à parcourir des communes de ma région, l’Occitanie. Je me suis rendu ensuite en Bretagne. La Bretagne, terre de caractère, terre de légendes. Terre tournée vers la mer où chaque paysage est unique, où chaque lieu porte l’âme de ce territoire. Terre à l’identité forte et ses habitants au caractère affirmé. Une région qui est aussi marquée par les blessures du temps. Qui résiste parfois à la modernité écrasante, qui tient à garder ses traditions, son vécu, son passé, ses valeurs, son adn. J’aime les régions de France car elles nous rappellent les diversités présentes dans notre pays. Diversité de gastronomie, de langue, d’histoire, de patrimoine, d’architecture, … et toujours des paysages uniques et colorés, divers et variés qui appellent à la rêverie. Alors rêvons à tout ce que représente cette terre de Bretagne et laissons-nous porter par les histoires de cette région. Voici trois lieux visités qui portent sans doute en eux quelques mystères encore bien cachés. 

1 – Saint-Cado, chaque jour un nouveau tableau :

Un lieu incontournable, rempli d’histoires légendaires avec cette maison unique et poétique aux volets bleus comme flottants sur l’eau. Cette maison fut par le passé le lieu de vie d’un gardien de parcs ostréicoles et de sa famille. Je me suis donc rendu à Saint-Cado en fin de journée. J’ai alors vu le jour partir, le soleil se coucher, les couleurs dans le ciel changées et l’atmosphère évoluée. Ce lieu, prisé par les peintres et artistes a attiré ce soir-là les photographes venus immortaliser le ciel aux couleurs roses, bleus et orange. Comme un mélange de pigments. À Saint-Cado, chaque soir est un tableau et chaque crépuscule est unique. Le bonheur de l’éphémère et du durable, le plaisir de voir chaque matin, comme chaque soir un nouveau décor se construire sous nos yeux, avant de s’envoler. La plaque commémorative dans la chapelle nous rappelle ceux qui sont tombés au combat, pendant la première Guerre Mondiale. 37 soldats et marins qui vivaient à Saint-Cado et qui ont donné leur vie pour leur pays. Tout comme la chapelle, le calvaire qui fut construit en 1832, et la place et la fontaine datant du XVIII ème siècle posent ce lieu comme un ensemble au patrimoine fort et durable. L’île de Saint-Cado avec son pont digue a été une surprise, se livrant devant moi avec douceur, poésie et générosité. C’était par un dernier regard jeté sur l’îlot Nichtarguér et cette maison aux volets bleus que je terminais cette étape. Une étape synonyme de respect pour cette terre, d’humilité aussi face au sublime. Une terre remplie de résilience et de courage. Une étape incarnée par cette demeure inhabitée, humble et simple, construite au XIXe siècle qui continuera de durer, de résister aux différents vents et marées.

2 – Le chemin de mémoire de la pointe Saint Mathieu, un appel au souvenir :

Pendant ce tour des régions, je tiens à me rendre dans les lieux de mémoire, dans les lieux de souvenir. Situé sur la commune de Plougouvin, le monument de René Quillivic se dresse face à l’eau et l’horizon lointain. Une étendue bleue qui nous rappelle que la mer est souvent grandiose, dure et injuste. Qu’elle peut déclencher souffrance et qu’elle peut emporter des êtres chers au loin sans nous les ramener. Érigé en 1927, en mémoire des marins morts pour la France au cours des conflits du XXème siècle, le Mémorial National des marins morts pour la France de la pointe Saint-Mathieu invite au souvenir. Le chemin de mémoire de Saint-Mathieu, espace pédagogie invite à la marche, au temps passé, à la réflexion, au recueillement. Les stèles présentes et disposées tout le long du parcours retracent les pertes, les disparitions. Une plongée dans le temps avec les noms des navires, des sous-marins, des chalutiers, des croiseurs et autres bateaux. Les lieux de disparition sont notifiés, accompagnés du nombre de disparus. Des milliers de disparus inscrits sur 15 stèles. Tel un livre de mémoires dont les pages se tournent, retraçant le temps lointain et une époque plus proche de nous. Je ne peux que m’incliner face à ce tragique, face à la dureté de la mer qui a emporté des pères, des frères, des fils, des hommes. Tous sont partis en mer pour un aller sans retour nous laissant avec simplement le souvenir de leur courage. 

« Il y a trois sortes d’hommes : les vivants, les morts et ceux qui vont sur la mer » ARISTOTE

 

3 – Locronan, voyage dans le temps :

Comme pour les deux précédents lieux, je m’y suis rendu en fin de journée. J’aime cette ambiance quand le jour prend son temps pour laisser place à la nuit. Le moment où les couleurs changent en permanence. Locronan est une cité comme hors du temps. En marchant par la rue du Prieuré, la rue centrale de la commune et menant à l’église Saint-Ronan, on comprend vite que ce lieu est chargé d’histoire. La place de l’église nous donne à voir un décor d’un autre temps. Les pavés sur le sol ainsi que les pierres des façades des bâtiments rendent le tout brillant à la lumière du soleil, comme un diamant brillant de mille feux. J’ai donc fait un arrêt sur cette place à la Crêperie Ty Coz afin de déguster une crêpe de blé noir fabriquée selon la tradition familiale. Une crêperie familiale dont l’intérieur vous fait sentir un peu comme chez vous. Ce lieu est à l’image de la commune, chaleureux, authentique, traditionnel. Locronan, situé dans le département du Finistère a en effet été le théâtre de plusieurs scènes de cinéma. C’était sa destiné, c’est aujourd’hui une évidence tant tous les recoins se prêtent à laisser la place facilement à des actrices et acteurs. En parcourant les rues nous nous sentons nous aussi tel un aventurier, tel un explorateur remontant le temps et allant à la découverte de ses mystères cachés. Son puits cacherait-il des secrets inavoués ? Quoi qu’il en soit Locronan fait partie des « plus beaux villages de France », laissant à la vue de toutes et tous cette identité si particulière et très appréciée. Locronan, à partir du 14ème siècle prend de la valeur grâce au tissage de toiles de voile, le commerce se développe et la commune devient synonyme de ce savoir-faire. Car si les voitures restent à l’extérieur du centre, les piétons, habitants et touristes ont plaisir de fouler les pavés afin de découvrir les moindres recoins de cette cité de caractère. En journée, les bâtisses brillent donnant un spectacle fabuleux. La nuit, elles sont plongées dans l’obscurité. Certainement elles se reposent et chuchotent entre elles, se racontant des secrets. Jusqu’au prochain petit matin. 

Baptiste Vasseur